Ce livre de 1932 décrit la vie complexe de Flavius Josèphe, futur historiographe de l'empereur romain Vespasien (1^er siècle de notre ère), mais auparavant brillant prêtre de la religion judaïque à Jérusalem.

Excellent roman historique (d'autres sont à, découvrir sur https://www.les-lubies-de-ludi.com/category/historique/ ) magnifiquement écrit, ce récit apporte beaucoup plus. Il nous fait vivre la tentative parfois désespérée d'un homme intelligent (trop ?) et ouvert, de concilier deux univers, le monde juif et le monde romain. L'un et l'autre le fascinent ; sa tête est romaine et son cœur juif. Il raisonne comme un juriste romain qu'il est un peu, il souffre et ressent comme un homme de Judée, souvent irrationnel, voire fanatique. Il est l'un et l'autre, convaincu que ces deux aspects de l'homme ne doivent pas se combattre mais s'enrichir mutuellement pour former un être plein.

Irénisme noble, mais contestable. L'histoire détruit toujours à terme plus ou moins long les temples des fanatiques, car leur vérités les aveuglent. Ils ne s'adaptent pas au monde, ils cherchent l'inverse, adapter le monde à leur vision et ils en meurent. L'homme raisonnable peut comprendre et parfois tolérer le fondamentaliste, alors que l'inverse ne se peut pas ; l'eau et le feu se mélangent mal. De quelles offrandes de sang et de larmes se payent la résolution de ces drames !

Livre très agréable et facile à lire, enrichissant au plus haut point.

Lion Feuchtwanger : La guerre de Judée, Editions Fayard 1996.

Livre d 'occasion état neuf vendu 19€

Le thème de l'américanité s'avère incontournable pour analyser la quête d'identité des Québécois depuis la Révolution tranquille. Le groupe GIRA (Groupe interdisciplinaire de recherche sur les Amériques) présente un recueil de textes intitulé L'Américanité et les Amériques qui regroupe des travaux produits dans le cadre d'une recherche multidisciplinaire dirigée par l'historien Daniel Cuccioletta.

D'entrée de jeu, l'américanité est définie comme "un prisme qui permet une interprétation de la société québécoise et de la culture franco-québécoise, implicitement de son passé canadien puis canadien-français, en lien avec la géographie et l'histoire nord-américaines ainsi qu'en relation avec les autres sociétés américaines" (page 47). Trois aspects se dégagent du cadre théorique présenté en première partie, soit l'américanité dans le temps, l'américanité dans l'espace et le système de valeurs qui lui est associé.

L'Américanité et les Amériques - Daniel Cuccioletta, Inst. Québ. Rech. Cult. / 2001 ,248 pages.

Livre d'occasion vendu 19€

Mémoire truquée est le roman par excellence de tous ceux qui, à un moment ou à un autre, pètent un câble, pour parler comme les électriciens. L’histoire se donne d’emblée comme une énième resucée du mythe hollywoodien du psychologue-taré-malgré-lui, qui manie la subversion mentale dans l’intention de conditionner ses patients et d’en faire les «jouets» de machinations perverses. Le tout sur fond d’agoraphobie, de haïkus subliminaux, de débauche sexuelle… et de bière chinoise. Avouez que ça donne envie, non ? Cela étant, il faut reconnaître que ce récit d’un Mabuse de la Psyché vous happe comme pas un : une attraction qui est fonction moins de l’esprit torturé du docteur Ahriman que des abysses psycho-schizoïdes qu’ouvre obligeamment pour nous Koontz, un des maîtres incontestés du thriller psychologique.

Ainsi, lorsque le «seigneur de la mémoire» utilise l’hypnose pour instiller l’autophobie (la peur de son ombre, l’angoisse d’être soi) à Martie Rhodes, on accède aux 200 premières pages d’un délire si froidement organisé qu’on se refuse à lâcher le livre : en passe de devenir un parfait robot obéissant à la moindre injonction d’Ahriman, Martie perçoit bientôt les ustensiles anodins autour d’elle comme autant d’armes meurtrières. Voilà qui ouvre une «quatrième dimension» aux clés de contact et autres sèche-cheveux que nous avons trop tendance à négliger. C’est pour ces pages où la paranoïa vient percuter le quotidien que Mémoire truquée perturbera quelque peu le lecteur. Il faut croire que même les correcteurs de Robert Laffont s’y sont laissés prendre puisque celle qui sera pendant plus de 550 pages nommée Martie se retrouve affublée dès la première ligne du texte du prénom de Martine ! Comprenne qui pourra…

De fait, une représentation hallucinée du monde induisant chez tous les héros de l’ouvrage des «dysfonctionnements psychiques aigus», la tension face à ce vampire des âmes gagne le texte de page en page. Tentante et tenace invitation pour la raison à se contempler dans le miroir de la folie, qui ne lui est pas étrangère. Jusqu’au moment où on se dit que, parfois, ne pas se souvenir ou avoir «la mémoire qui flanche» est aussi une forme de liberté.

Mémoire truquée - Dean Koontz, Editeur : Robert Laffont  Année : 2001

Livre d'occasion état neuf vendu 14€